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Commentaire des lectures du 21 mai 2020

Pistes pour un commentaire des Écritures de ce jour.

1. Au début du livre des Actes, l’ascension de Jésus n’apparaît pas comme une sorte de redondance de sa résurrection, mais comme l’événement qui inaugure une nouvelle étape de l’histoire du salut. Avec la mort et la résurrection de Jésus, une page est tournée, dont Luc a parlé dans un premier livre, son évangile.
Le second livre commence par un temps de probation. Les quarante jours pendant lesquels le Ressuscité s’est montré à ses disciples évoquent le déluge purificateur, mais aussi la traversée du désert et les tentations de Jésus. Le cours de l’histoire est comme suspendu en attendant que la puissance de l’Esprit fonde sur les disciples. Mais, auparavant, se produit ce qu’il faut bien appeler l’enlèvement du Ressuscité, son arrachement à la terre. Désormais, pourquoi regarder vers le ciel ? Tout est prêt pour que s’ouvre sur terre le temps de l’Esprit et de l’Église.

2. La finale de l’évangile de Matthieu souligne, précisément, la portée ecclésiale de l’ascension de Jésus. Avant de quitter la terre, celui-ci proclame le pouvoir cosmique dont Dieu l’a revêtu, mais c’est pour fonder la mission universelle qu’il confie à ses disciples. A ceux-ci, le Ressuscité demande d’annoncer l’Évangile et de baptiser les nations, ce qui inscrit la vocation de l’Église dans une parfaite continuité avec le ministère de Jésus et des apôtres. La formule trinitaire mentionnée ici (la seule fois dans le Nouveau Testament) reflète la pratique baptismale de la deuxième ou de la troisième génération chrétienne, confirmant l’enracinement ecclésial de notre texte.

3. Il est significatif que ces deux lectures signalent, dans le proche contexte du départ de Jésus, les difficultés et les hésitations de la foi des disciples. Selon Luc, les apôtres posèrent au Ressuscité cette question inattendue : “Est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ?” Quant à Matthieu, il note que les Onze, en voyant le Seigneur, “se prosternèrent, mais quelques-uns eurent des doutes”. C’est que la foi n’est jamais que la foi, forte de la faiblesse inhérente à tout acte libre.

1ère lecture : Ac 1,1-11

L’Ascension du Seigneur traduit une expérience profonde. Désormais on ne voit plus Jésus. Il était temps que Jésus disparaisse aux yeux des apôtres pour qu’ils comprennent la nouveauté de sa vie éternelle près de Dieu.

Luc a écrit deux récits différents de l’Ascension du Seigneur. Le premier se trouve à la fin de son évangile. Le soir même de Pâques, Jésus tel un prêtre lève les mains et bénit les onze disciples avant de se séparer d’eux et d’être élevé au ciel. Dans le Livre des Actes, cette ascension se passe quarante jours après Pâques. L’évangéliste se contredit-il ? La perspective n’est pas la même dans l’évangile et dans les Actes. L’évangile est centré sur Jésus. Du côté de Jésus, sa résurrection est en même temps son ascension. Par sa résurrection Jésus entre aussitôt dans une vie nouvelle près de Dieu. Dès sa mort Jésus est dans le monde autre de Dieu qui échappe à notre calcul des temps.

Le livre des Actes des Apôtres, lui, est centré sur les disciples qui sont toujours dans ce monde marqué par le temps. Il leur faut du temps pour comprendre. Or dans la Bible, le chiffre “quarante” indique symboliquement le temps nécessaire pour réaliser quelque chose. “Quarante jours” après Pâques, c’est le temps nécessaire pour que les disciples comprennent la résurrection. “40” n’est pas à prendre au sens mathématique, mais théologique.

2e lecture : Ep 1, 17-23

Les chrétiens de l’Église d’Éphèse risquent d’accommoder leur foi à la sauce des idées qui circulent en Asie Mineure. Paul tient à les mettre en garde.

Toutes sortes de dieux, de divinités, d’esprits circulent dans les croyances des habitants d’Asie Mineure et particulièrement chez ceux qui vivent à Éphèse. Les chrétiens ont besoin d’être fortifiés dans leur confiance au Christ.

Paul craint que certains fassent de Jésus un être divin comme il y en a des milliers dans les représentations populaires. Or Jésus tient la première place en tout pour Paul et il le répète à ses amis D’Éphèse : Dieu “l’a établi au-dessus de toutes les puissances et de tous les êtres qui nous dominent, quel que soit leur nom, aussi bien dans le monde présent que dans le monde à venir”. Dieu le comble de la plénitude.

Paul souligne ensuite le rôle irremplaçable de la communauté, sacrement du Christ.

Evangile : Mt, 28,16-20

Pas de récit d’ascension dans l’évangile de Matthieu. Mais à la fin de son évangile, on retrouve le même enseignement que dans les récits d’Ascension de Luc et des Actes. La résurrection de Jésus ouvre le temps de la mission, de l’Église. C’est le temps de la présence assurée du Ressuscité auprès des chrétiens.

Le Ressuscité reste présent à ses disciples : “Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde”.

Mais cette présence n’est pas une présence tangible comme avant sur les routes de Galilée, car Jésus appartient désormais au monde de Dieu, totalement différent de ce monde-ci.

On ne peut plus le voir, car le voir signifierait que Jésus n’a pas quitté notre monde ! Parce qu’elle est divine, sa présence n’est plus limitée à un lieu ou un temps.

Matthieu indique que le temps qui s’ouvre après la Pâques du Christ est celui du témoignage, le temps de l’Église envoyée : “de toutes les nations, faites des disciples”. Les chrétiens sont nécessairement missionnaires non pour embrigader, pour faire nombre, mais pour témoigner avec le Souffle de Dieu du monde neuf où, comme Jésus, nous serons relevés d’entre les morts.

La formule “Je suis-avec-vous” rappelle le nom donné par Joseph à l’enfant nouveau-né de Bethléem: “Emmanuel” ou “Dieu-avec nous”. Le nom propre de Dieu, donné à Moïse lors de son appel, s’écrit avec les mêmes consonnes que le verbe “être” : Yhwh.

En écrivant “Je suis”, l’évangéliste fait un rapprochement avec le nom divin. Il dit ainsi sa foi : Jésus est la présence de Dieu parmi nous. Ressuscité, cette présence se poursuit mais tout autrement qu’avant la croix.

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