Commentaires des lectures du 12 juin 2022

1. 1re lecture du dimanche de la Sainte Trinité

Dans ce texte tiré du Livre des Proverbes 8,22-31 lu en cette fête de la Trinité (12 juin 2022), la Sagesse, qui parle dans le texte que nous allons entendre, est la première image de la présence active de Dieu dans le monde : elle préfigure Jésus.

La Sagesse apparaît comme une figure mystérieuse, à la fois créée par le Seigneur et précédant le reste de la création, compagnie et collaboratrice, présence pour Dieu et pour les hommes.
La figure de la Sagesse se retrouve aussi en d’autres cultures, en Égypte en particulier où elle est mise en relation avec l’activité créatrice de la divinité principale.

Dans le texte biblique, un mot-clé s’impose d’emblée : « le Seigneur ». C’est lui qui est à l’origine de la Sagesse, c’est par lui qu’elle est faite, fondée, enfantée. Elle apparaît en premier dans la création, mais c’est Dieu qui crée. Nous remarquons par ailleurs dans ce poème une idée très ancienne du monde : la terre est entre les abîmes d’où jaillissent les sources et la voûte solide des cieux qui repose sur les fondements des montagnes et retient les eaux des nuages.

Le Créateur ordonne le monde et en fixe les lois. Mais la Sagesse est à ses côtés pour cela, « comme un maître d’œuvre ». Le dernier mot est important : elle trouve ses délices en Dieu et avec les hommes.

2. Introduction à la 2e lecture de la fête de la Trinité

Dans la deuxième lecture de la fête de la Trinité, Romains 5,1-5 (12 juin 2022), le Père, le Fils et l’Esprit, chacun à sa manière, nous donnent une espérance invincible : tel est le message, toujours actuel, de Paul.

La foi nous ouvre le monde de Dieu, un monde de la grâce où nous entrons en croyant en Jésus Christ et en accueillant le don de l’Esprit Saint.

La justice, au sens où l’entend saint Paul, ne peut venir de la pratique de la Loi. C’est Dieu qui la donne et nous l’avons par la foi. Jésus Christ a ouvert l’accès au monde de l’amour de Dieu. Nous croyons en celui qui l’a ressuscité d’entre les morts.

Tout nous est déjà donné en lui. Dans le texte, les verbes sont au passé pour dire le don : Dieu a fait de nous des justes, Jésus Christ a donné l’accès au monde de la grâce, l’Esprit Saint nous a été donné. C’est la caractéristique de l’amour que la gratuité (la grâce). Dans le présent nous pouvons connaître la détresse, mais la persévérance est possible parce que nous sommes fondés à espérer en raison du passé. Dieu a donné et c’est sans retour : nous sommes « établis » dans son amour. Nous le savons, ayant reçu le Fils et l’Esprit Saint.

3. Commentaire de l’Évangile

Dans l’évangile de Jean 16,12-15 proclamé en cette fête de la Sainte Trinité, c’est l’Esprit qui nous permet de voir Dieu en Jésus.

A l’heure de quitter ses disciples, Jésus leur révèle le secret de l’intimité divine. Et ceci pour leur faire comprendre que, s’il s’en va, ils auront l’Esprit pour les guider et leur donner part aux biens du Père.

Le grand thème de cette page de Jean est la « vérité » de Dieu. Le mot « vérité » peut signifier le contraire de l’erreur, ou bien la fiabilité d’une parole. Jésus exprime ce que Dieu est en réalité, à la fois par sa parole, par sa vie et par tout son être. Il est aussi et en même temps la promesse de Dieu et sa réalisation. Les disciples ont beaucoup peiné pour découvrir qui était Jésus, et pour l’admettre quand leurs rêves humains étaient contrariés. Lorsque la Passion approche, et c’est le cas ici, ils manquent de force pour porter la « vérité ». Mais après la mort de Jésus l’Esprit leur sera donné pour les guider « vers la vérité tout entière ». Ils apprendront alors que cet homme était l’image parfaite de Dieu. Et ils en témoigneront.

Les dernières phrases du texte introduisent dans le mystère du Dieu Trinité. L’unité est si profonde entre Jésus et l’Esprit qu’ils disent la même chose l’un et l’autre. Tout était déjà dit en Jésus et par Jésus. L’Esprit ne fera que reprendre ce qui vient de lui pour le faire connaître aux disciples. Il est bon de se souvenir que dans la Bible le mot « connaître » n’a pas un sens abstrait : il signifie savoir et passer aux actes. L’Esprit inspirera aux disciples une conduite en accord avec la parole de leur Maître. Et si ce que dit l’Esprit vient de Jésus, cela vient aussi du Père. Ce qui appartient à l’un appartient à l’autre, sans réserve. Le Père se donne en Jésus et dans l’Esprit. Telle est la vérité de Dieu que Jésus révèle et qu’il nous invite à accueillir.

4. Expliquez-moi : Vérité

Dans la vie courante, la vérité est une parole conforme au réel ou bien une réalité qui est claire et évidente. Qu’en est-il dans la Bible ?

Dans la Bible le mot vérité n’a pas tout à fait le sens que nous lui donnons spontanément. Plus que l’exacte conformité au réel, il désigne la fiabilité des personnes et des relations. Dire que Dieu est vérité, ou que sa parole est vérité, c’est affirmer que l’on peut s’y fier, que c’est du solide.

L’Esprit de vérité apprend à l’homme la vérité sur Jésus, son mystère de Fils, et à quel point il est digne de confiance. Il révèle Dieu et sa fidélité inconditionnelle. On peut compter sur l’Esprit.

La théologie de saint Jean est une théologie de révélation ; la notion de vérité de vérité y occupe une place importante. Il insiste sur le caractère révélé et la force intérieure de la vérité. Pour Jean, l’Esprit saint rend témoignage au Christ (15,26 ; 1 Jn 5,6) afin de conduire les disciples à la vérité toute entière (16,13)

5. Partage d'Évangile

Quelques pistes pour un partage de l'Évangile du dimanche de la Sainte Trinité.

a. C’est encore un extrait du discours d’adieu de Jésus selon l’évangile de Jean que la liturgie a choisi pour nous rendre plus accessible le mystère de la Sainte Trinité. C’est l’“Esprit de vérité” qui guidera les disciples vers la vérité tout entière. Cette promesse est comme un écho de la vie trinitaire, c’est-à-dire de la communion mutuelle du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Loin de se refermer sur lui-même, leur amour réciproque se diffuse et englobe dans son mouvement l’humanité et le monde. Dieu n’est pas un être solitaire, figé dans son impassible dignité. Il est don de soi, communauté de partage, source intarissable de vie. Quand on aime, on ne peut rester seul ; l’amour vrai est contagieux et fécond.

b. L’Esprit, qui nous communique ce qu’il reçoit du Fils, nous conduira vers l’entière vérité. Or nous souffrons à longueur de vie de n’avoir accès qu’à d’infimes fragments de la vérité. Chacun de nous aspire à réunir toutes les pièces du puzzle et à connaître – enfin ! – le fin mot de l’énigme. Mais la plénitude de la vérité dont parle l’évangile de Jean ressortit à l’ordre de la charité et non à la satisfaction d’une curiosité anecdotique.

c. Nous assistons aujourd’hui à une profusion de messages, de gnoses ésotériques, de révélations et de doctrines qui prétendent dévoiler les ultimes secrets de nos destinées. Certains rêves syncrétistes poussent cette prétention très loin puisqu’ils entendent réaliser une synthèse libératrice de tous les savoirs et de toutes les croyances. Or Jésus dit de l’Esprit de vérité : “Il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître”. La vérité n’est donc rien d’autre que l’Évangile remémoré, médité, mieux compris. Et l’Évangile n’est pas une gnose, encore moins un système pseudo-scientifique. Il est la source qui alimente la pratique humaine du double commandement de l’amour. C’est que l’expression johannique “Esprit de vérité” doit être entendue au sens de son soubassement sémitique : une force qui nous rend capables de faire la vérité, c’est-à-dire de vivre en enfants
de Dieu.

6. Prière d'Évangile

Prions avec l'Évangile de saint Jean 16,12-15 proclamé en cette fête de la Trinité.

Je n’ai d’autre orgueil, Seigneur,
que d’espérer connaître un jour
la gloire qui est la tienne.

Je ne désire d’autre bonheur
que de vivre sous ton regard,
enveloppé de la tendresse qui,
par l’Esprit Saint, te lie au Père.

Avec toi, je voudrais être un,
et avec mes frères, de même.