13 Mai 2022
Voici une aide à l’homélie pour le dimanche 15 mai 2022. Vous y trouverez une suggestion de commentaire pour chacune des lectures de la messe. Et une explication pour un point particulier abordé au cours des lectures de ce jour.
1. 1re lecture : Actes 14,21-27
Dans le récit des Actes 14,21-27 relate l’envoi en mission de Barnabé et Paul, se donne à voir l’initiative de l’Esprit saint médiatisée par l’Église d’Antioche. C’est à la fois l’Esprit et la communauté qui envoient Barnabé et Paul en mission.
Paul et Barnabé, qui sont allés à la rencontre des païens, témoignent de l’amour du Seigneur qui ne connaît pas de frontières. L’Église aussi doit ouvrir ses portes à tous les hommes…
Des chrétiens dans les années après Pâques s’interrogent. Pourquoi les épreuves présentes si Jésus est le Seigneur glorieux exalté près de Dieu ? Le Règne divin de puissance et de gloire devrait se manifester tout de suite. Pour le livre des Actes, avant cette manifestation glorieuse du Royaume de Dieu, le moment présent est celui du témoignage et de la mission auprès de tous.
2. Psaume 144
L’amour du Seigneur est pour tous. Chantons sa tendresse, et la gloire de son nom.
R/ Béni sois-tu à jamais, Seigneur, Dieu de l’univers !
Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d'amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.
Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.
Ils annonceront aux hommes tes exploits,
la gloire et l'éclat de ton règne :
ton règne, un règne éternel,
ton empire, pour les âges des âges.
3. 2e lecture : Apocalypse 21,1-5
La seconde lecture du 5e dimanche de Pâques, année C est un passage de l’Apocalypse. Quand on entend ce mot « Apocalypse » , on a envie de fuir tant il représente pour nous un imaginaire inquiétant. Et pourtant « Apocalypse » signifie « découvrir » ou « révéler ». Que nous révèle ce passage ?
La résurrection fait toutes choses nouvelles. De ce monde nouveau, l’amour est l’unique loi. Nous sommes faits pour le bonheur.
Avec la résurrection de Jésus, le ciel s’invite sur terre. La cité sainte, Jérusalem, a disparu pour laisser la place à la nouvelle cité sainte, la Jérusalem nouvelle qui descend du ciel, « d‘auprès de Dieu ».
Elle est, comme l’ancienne, la demeure de Dieu, mais elle l’est « avec les hommes ». La formule d’alliance entre Dieu s’applique à tous les humains : « Ils seront son peuple ».
4. Évangile : Jean 13,31-35
Le texte de l’évangile de ce 5e dimanche de Pâques, année C, est très court : cinq versets, mais cinq versets d’une grande densité, comme c’est souvent le cas avec l’évangile de Jean. Que Jésus dit-il de si important ?
Aimer, il suffit d’aimer. Tel est, comme Jésus l’a dit, le signe distinctif de ses amis, le signe des chrétiens.
Pourquoi Jésus passe-t-il subitement de la question de la fin de sa présence au commandement nouveau de l’amour des frères ? L’évangéliste Jean explique ainsi que Jésus glorifié n’est effectivement plus présent visiblement parmi ses disciples. Il est cependant bien présent mais d’une présence autre et nouvelle lorsque les disciples s’efforcent de vivre l’amour des frères.
5. Expliquez-moi : Presbytère
Le presbytère est l’endroit où habite le curé d'une paroisse. Quelle est l’origine de ce mot ?
Au cours de leurs missions, Paul et Barnabé ont établi des ministères dans les communautés qu’ils ont fondées : il s’agissait principalement de collèges d’Anciens. Ce type d’institution est courant dans toutes les cultures. En Israël et dans les cités grecques de l’époque, c’était la base de l’organisation sociale. Les Anciens du peuple juif sont souvent nommés dans la Bible, jusque dans les récits de la Passion (Matthieu 26,3, etc.) et dans les Actes des Apôtres (4,5, etc.). Le mot grec, traduit par « Anciens », est à la base de nombreux termes français, c’est presbyteros, transcrit en latin presbyter, et qui a donné prêtre, presbytie, presbytère, presbytérien. Le presbytère, c’est la maison destinée aux services des prêtres et de la paroisse.
Mais on emploie aussi ce mot pour désigner une partie de l’église, toutefois on préfère alors parler de presbyterium : il s’agit des bancs de pierre, ou des rangées de bancs, disposés de part et d’autre du trône de l’évêque, dans l’abside, comme par exemple dans la primatiale Saint-Jean, à Lyon, et dans les basiliques romaines.
Avec le Christ, la gloire de Dieu se répand sur toute la création. Un commentaire des textes du 5e dimanche de Pâques, année C par le P. Marcel Domergue, jésuite.
Le thème de la gloire occupe une place considérable dans les deux Testaments et, par suite, dans la liturgie. C'est parce qu'il représente l'aboutissement de l’œuvre divine. Disons tout de suite qu'à l'instar de toutes les réalités qui veulent signifier ce qui se passe en Dieu et avec Dieu, cet accomplissement est «déjà là et pas encore» : avec la venue du Christ, «les temps sont accomplis», mais nous sommes pourtant dans l'attente de son retour, «à la fin des temps». Paul nous dit : «C'est en espérance que vous êtes sauvés». Mais n'oublions pas que l'espérance est certitude. Glorifier Dieu, lui «rendre gloire», c'est reconnaître dès maintenant qu'il est l'amour absolu, sans mélange ni réserve, un amour tel que nous avons à y croire sans pouvoir l'imaginer. De cet amour, nous n'avons qu'une preuve : le Christ, l'unique juste, la seule image du Dieu invisible, a donné sa vie pour les injustes, cette vie qui est vie divine et que ces injustes que nous sommes ont voulu lui prendre. En vain, car justement il a donné ce dont nous voulions nous emparer. Notre geste prédateur s'est donc retrouvé sans objet. On ne peut s'emparer de ce qui se donne : on ne peut que le recevoir. L'amour méconnu devient donc connaissable. Le thème de la gloire comporte cet aspect de connaissance et de reconnaissance de notre part : rendre gloire à Dieu c'est, dans la foi, proclamer qu'il est amour et seulement amour. «Rendre gloire» : ce verbe «rendre» signifie que le don précède notre louange, qui est expressive de notre retour à Dieu, notre source. Nous rendons ce que nous recevons pour que cela nous soit redonné : l'échange ne s'interrompt pas. En Genèse 28,12, Jacob voit les «Anges» descendre vers lui et remonter vers Dieu sur l'échelle qui unit la terre au ciel.
Habités par la gloire de Dieu
La gloire de Dieu vient nous visiter, nous sommes nous aussi «glorifiés». Comment cela ? Bien sûr, dans le Christ. C'est le «Fils de l'homme», le fruit ultime de l'humanité, qui va être glorifié. Nous sommes appelés à ne faire qu'un avec lui, à devenir son «corps». Ainsi, la gloire de Dieu remplira l'univers et cela signifie que l'amour, cet autre nom de Dieu, habitera toute chose. Il faudra beaucoup de temps pour que tous les hommes lui ouvrent leur porte. «Les temps sont accomplis» signifie que tout nous est déjà donné dans le Christ, mais ce «tout» ne peut devenir nôtre sans notre assentiment. En attendant, le Fils de l'homme va anticiper ce terme en donnant sa vie, faisant ainsi totalement corps avec l'Amour qui fonde toute chose et que nous appelons «Dieu». Là, à la Pâque, ce que nous appelons «Incarnation» est achevé et le Fils, devenu pleinement humanité et lourd de tous les hommes, entre dans cette gloire qui est le rayonnement de Dieu. N'allons donc pas chercher la gloire de Dieu trop loin ni trop haut : elle est là, la terre en est pleine ; elle nous habite. Bien sûr, nous ne pouvons en prendre conscience que par la foi. Nous sommes habitués à voir le soleil se lever, les saisons se succéder, les moissons abonder, la vie s'engendrer, et nous pensons en avoir dit le dernier mot en qualifiant tout cela de «phénomènes naturels». Nous avons raison, mais la foi nous donne accès à la face cachée de la nature, à la gloire qui la fonde. Comme le Christ qui va être «glorifié», et en lui, la nature vit en passant par la mort en vue d'une renaissance. La gloire a le dernier mot.
L'amour, présence du Christ
Nous pouvons être surpris d'entendre Jésus dire à ses disciples « Je suis encore avec vous mais pour peu de temps… » Et il insiste : « Vous me chercherez et, comme je l'ai dit aux Juifs, où je vais vous ne pouvez venir, je vous le dis à vous aussi maintenant » (passage omis dans le Missel). De fait, il devra traverser seul sa Passion. Mais il y a plus : désormais Jésus ne sera plus à portée de leurs mains et de leurs yeux ; ils n'entendront plus directement sa parole. Cela signifie-t-il qu'il ne leur sera plus présent ? Certainement pas ! Souvenons-nous de ses derniers mots selon Matthieu : « Je suis avec vous toujours jusqu'à la fin du monde. » Bien d'autres passages nous disent cette proximité du Christ ressuscité : nous ne faisons qu'un avec lui. Le discours après le dernier repas, d'où est tiré notre évangile, le répète sous diverses formes. Cette insistance signifie d'ailleurs que cela ne saute pas aux yeux : la présence du Christ, répétons-le, ne sera désormais perceptible que par la foi. De plus, elle ne se réalisera qu'à travers les autres ou, plus exactement, elle nous habitera quand nous accepterons de nous unir à eux pour ne former qu'un seul corps. Ce corps deviendra alors son Corps. Rappelons Matthieu 18,20 : « Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux » (voir aussi Jean 14, 23). Tout cela est en pleine cohérence avec le « commandement nouveau » que donne le Christ à la suite de l'annonce de son départ : c'est l'amour qui construit le Corps. Quand l'amour est là, Dieu est là ; le Christ est là. La Trinité ne nous dit-elle pas déjà que Dieu est relations ? L'amour est ce qui relie et allie. Dieu est cela.
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