8 Avril 2022
La violence est aujourd’hui une maladie chronique et traumatisante de nos sociétés. Le cœur de l’homme est pétri d’agressivité brutale. Il est tenté de dominer et de détruire son semblable qui s’oppose à lui… Le récit de la Passion nous offre l’antidote à ce poison mortel.
Chemin de croix : chemin d’amour
L’évangéliste Luc souligne, tout au long de son récit, les témoignages de miséricorde et de pardon que dispense Jésus en butte au déchaînement de la violence humaine.
Il guérit le serviteur du Grand Prêtre blessé à l’oreille par l’intempestif coup d’épée de Pierre lors de l’arrestation. Il protège ses disciples, permettant ainsi leur fuite.
Il réconforte Pierre qui l’a renié, dirigeant sur lui un regard chargé de compassion pour cette faiblesse de la part de celui qui se croyait fort.
Face aux femmes qui pleurent sur son passage, il ne pense pas à lui, mais à elles et au peuple d’Israël dont il prévoit les malheurs futurs.
Il sauve in extremis un des brigands crucifiés avec lui, en accueillant son repentir et sa prière.
Sur la croix, il demande le pardon pour ceux qui l’ont crucifié, leur trouvant
l’excuse de ne pas savoir ce qu’ils font !
Chemin de croix : chemin de paix
À la violence déchaînée contre lui, Jésus a opposé l’amour. Aujourd’hui, nous subissons une montée inquiétante de la violence : guerres tribales, atteintes insupportables au corps et au cœur des enfants, insécurité chronique dans certaines cités de nos villes, agressivité au sein des couples et des familles, menaces pour la vie humaine la plus faible…
Et que dire des violences qui apparaissent dans les écoles, les collèges ou les lycées ? Les médias tablent sur le voyeurisme latent de l’opinion et montrent cette violence dans l’actualité ou la fiction.
De récents faits divers tragiques montrent que le passage du virtuel au réel est dramatiquement franchi chez des esprits faibles ou privés d’éducation.
Ne tombons pas dans le piège dont nous serions les victimes ! La Passion dans Luc est un appel poignant et lumineux à vaincre la violence par la passion de la paix.
En regardant la Croix, écoutons le Christ implorer le Père pour tous les hommes et les femmes de ce temps : « Père, pardonne-leur! »
Laissons-nous toucher par cette prière pour devenir à notre tour témoins de miséricorde !
1re lecture : Is 50,4-7
Bien que persécuté, le serviteur de Dieu garde confiance : il présente son dos à ceux qui le frappent, il sait qu’il ne sera pas confondu.
Où Jésus a-t-il trouvé les orientations pour sa mission, jusque dans sa Passion? La mission du Serviteur de Dieu selon Isaïe a pu le guider et luiLe récit de la Passion rapporte les moqueries des spectateurs qui voyaient Jésus crucifié et le défiaient de descendre de la croix pour manifester sa puissance. Ils attendaient, en effet, un Messie guerrier et conquérant. Mais Jésus avait compris sa mission d’une autre façon, celle qu’annonçaient ces pages du prophète Isaïe, qui sont proclamées dans la première lecture le dimanche des Rameaux et le Vendredi Saint, à savoir les révélations du Serviteur de Dieu. C’est une véritable charte de la non-violence : le Serviteur refuse de rendre les coups, il ne se dérobe pas. Mais quelle confiance il lui faut pour tenir ! Il l’exprime en proclamant : «Je sais que je ne serai pas confondu», et le Vendredi saint, comme en écho, le prophète annoncera : «À cause de ses souffrances, il verra la lumière».
2e lecture : Ph 2,6-11
Empruntée à la liturgie primitive, cette hymne chante l’extraordinaire itinéraire de l’envoyé du Père : d’abord abaissé jusqu’à la mort sur une croix, il est ensuite élevé à la droite de Dieu.
Venant dans notre monde, Jésus avait renoncé à la gloire céleste pour suivre l’itinéraire du Serviteur de Dieu. Cela l’a conduit par des abaissements jusqu’au relèvement de la résurrection.
«Qui s’abaisse sera élevé», disait le Christ (Matthieu 23,12, etc.). Après la Passion et la Résurrection, les Apôtres, et en particulier saint Paul, se sont rendu compte à quel point Jésus réalisait lui-même cette parole par le mystère de sa mort et de sa résurrection, abaissement et relèvement. On ne peut imaginer plus grand abaissement, puisque, étant de condition divine, Jésus a accepté d’être écrasé par la plus grande forme de déchéance mise au point par les hommes de cette époque, le supplice de la croix. Or les apôtres ont été témoins du plus grand relèvement qu’on puisse imaginer pour un homme : se relever d’entre les morts et entrer dans la lumière et la gloire de Dieu. Jésus retrouvait ainsi sa patrie céleste, mais pour y entraîner l’humanité.
Évangile : Luc 22,14-23,56
Dans la Passion selon Luc, Jésus apparaît plein de bonté ; dans sa détresse même, il manifeste la souveraine tendresse de Dieu son Père.
La longue marche de Jésus dans notre humanité l’a conduit à Jérusalem. Ce fut une montée continue, jusque sur la croix, d’où il devait ouvrir les portes de la nouvelle Jérusalem, le Paradis.
Nous entendrons à nouveau l’admirable dialogue entre Jésus et le bon larron, dont la prière a inspiré certains de nos chants. La réponse de Jésus contient cette révélation pleine de promesses : «Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis». Cette révélation est au cœur de la liturgie, car par les célébrations, à tout moment de l’année, nous entrons dans l’Aujourd’hui de Dieu. Dans quelques jours, nous proclamerons, au début de l’eucharistie : «Aujourd’hui, Dieu notre Père, tu nous ouvres la vie éternelle par la victoire de ton Fils sur la mort, et nous fêtons sa résurrection.» Pour entrer dans cet Aujourd’hui de Dieu, il n’y a qu’un seul chemin: reprendre à notre compte la prière du bon larron: «Souviens-toi de moi», c’est-à-dire suivre Jésus en se tournant constamment vers lui.
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