28 Janvier 2022
Qui d'entre nous n'a pas buté sur la difficulté de dire sa foi au sein. de sa propre famille et dans son milieu de travail ou de loisirs ? Le Christ a lui-même éprouvé cette difficulté qu'il a résumée dans une phrase devenue proverbe : "Aucun prophète ne trouve accueil dans sa patrie !"
Visite qui tourne mal pour un concitoyen
La visite de Jésus à Nazareth, son village, avait plutôt bien commencé : bon accueil, invitation à lire la Bible et prendre la parole dans la synagogue, première impression excellente ...
C'est ensuite que les choses se sont gâtées. La population était certes flattée de la venue du nouveau prophète jusque chez lui, un coin perdu de Galilée. Mais il fallait lui rabattre le caquet à ce fils du charpentier pou r le cas où il voudrait faire la leçon ! Et d'abord, pourquoi allait-il semer ses mi racles ailleurs ?
Jalousie, quand tu nous tiens! Nous n'aimons pas que ceux qui nous sont proches nous dépassent. Dans les familles, ceux qui réussissent sont souvent traités de parvenus. Les communautés chrétiennes connaissent aussi ces rivalités de personnes autour de chasses gardées : nul n'est prophète dans sa propre église.
Part belle aux étrangers
Aux esprits racornis de Nazareth, Jésus dispense "un message de grâce", de cette gratuité dont Dieu a le secret. Ils voulaient que "le fils de Joseph" leur lise la Bible : ils sont servis. Mais ils n'avaient pas prévu dans la liturgie du jour le récit des miracles réalisés par Élie et Élisée en faveur de la veuve affamée de Sarepta et de Naaman le lépreux syrien.
Quels beaux signes de la tendresse sans frontières du Dieu d'Israël !
Par la suite, on ne cessera de reprocher à Jésus d'accueillir les pécheurs, ceux qui ne le méritent pas, disait-on.
Oui, la Bonne Nouvelle est annoncée à ceux que l'on n'attend pas. Nous sommes incorrigibles dans notre prétention de mériter l'amour gratuit de Dieu. "Laissons-nous évangéliser pour évangéliser le monde !", disait le Pape Paul VI.
Sans nous en rendre compte, au nom des règlements, des principes et de nos privilèges acquis de pratiquants, nous pouvons fermer la porte de l’Église ou la transformer en meurtrière défensive.
Dieu est un jardinier généreux : il ne fait pas pousser les fleurs de l’Évangile que sur nos plates bandes ecclésiales bien alignées!
1re lecture : Jr 1, 4...19
Celui qui est appelé par Dieu devra affronter l'hostilité des siens: ils le combattront, ils le persécuteront, mais ils ne pourront rien contre lui, car le Seigneur est toujours avec son prophète pour le délivrer. Le prophète Jérémie préfigure le Christ.
Depuis les origines, mais surtout avec la formation de son peuple, Dieu prend toutes les initiatives utiles et nécessaires pour se faire connaître. Pour cela, il se choisit des porte-parole, les prophètes
Jérémie était un homme sensible, même timide, ne cherchant pas à s'imposer. Il n'aurait certainement pas fait carrière dans la politique. Pourtant, Dieu l'a choisi comme prophète, c'est-à-dire comme porte-parole, et il l'a envoyé dire les quatre vérités aux rois de Juda, aux chefs, aux prêtres et à tout le peuple. Jérémie illustre ainsi, comme beaucoup d'autres envoyés de Dieu, ce que saint Paul expliquait à son propre sujet: si pour ses missions Dieu choisit les faibles, c'est pour faire découvrir que c'est lui-même, Dieu, qui est à l’œuvre
(voir 2 Co 12,9-10). Ce récit de la vocation de Jérémie illustre bien ce qu'étaient les prophètes en Israël, une particularité parmi toutes les autres religions: c'étaient des porte-parole de Dieu, d'un Dieu qui veut entrer en communication, se faire connaître pour nouer une relation d'Alliance.
Dieu, toi qui nous connais mieux que personne, toi qui es notre force dans l'épreuve et qui te tiens à nos côtés pour nous délivrer, nous te rendons grâce. Nous te prions pour tous les prophètes d'aujourd'hui, pour ceux qui résistent aux puissants en demandant le respect des pauvres et des faibles, pour ceux qui montrent à notre monde le ch.emin d'une vie plus juste et plus épanouissante.
2e lecture : 1 Co 12,...13
Il y a deux dimanches, Paul parlait de la diversité des dons et de l'unique Esprit. Dimanche dernier, il montrait comment ces divers dons sont complémentaires dans l'unique Esprit. Aujourd'hui, il élève le débat : tous ces dons ne servent à rien s'il manque l’amour.
Les dons de Dieu, qu'on appelle aussi charismes, sont innombrables et Dieu les confie à profusion à qui les accueille. Ils sont à la fois divers, multiples et unis entre eux par le plus important, l'amour donné par Dieu.
Cette lecture est une des plus belles pages de la Bible. On l'appelle "l'hymne à la charité". Paul avait appris que les Corinthiens étaient divisés entre eux, non seulement pour des questions matérielles ou à cause de quelque conflit bien terrestre, mais à propos des charismes, c'est-à-dire des dons et talents que certains avaient reçus et cherchaient à mettre en œuvre. Comment concilier les prétentions des uns et des autres à agir au nom de Dieu en semant la division ? Paul montre d'abord que les exploits, même de vertu, ne servent à rien, s'ils nuisent à autrui. Puis il décrit le véritable amour: l'amour prend patience, etc. Pour conclure, il démontre que les charismes sont passagers, seul l'amour demeure. C'est lui qu'il faut donc rechercher par-dessus tout.
Père, nous te rendons grâces pour ton amour infini, que tu nous as révélé en Jésus, ton Fils, car lui, il a pris patience, il a rendu service, il n'a pas recherché son intérêt, il a tout supporté, il t'a fait confiance en tout. Nous te recommandons toutes les familles chrétiennes : comble-les de ton Esprit d'amour, comme nous te le demandons dans la célébration des mariages.
Evangile : Lc 4, 21-30
Dans la synagogue de son village, Jésus connaît le même sort que Jérémie : les siens le rejettent ! Et déjà Jésus leur annonce sa mission :à la suite d’Élie et d’Élisée, il vient apporter le salut pour tous les hommes! Aujourd'hui il n'est pas accueilli chez lui, mais bientôt il le sera au-delà d'Israël... jusqu'aux limites de la terre.
Aux offres de Dieu, on peut répondre par oui et par non, par la foi et par le refus de croire. Comme avant lui les prophètes, dès le début de son ministère, Jésus rencontre chez ses auditeurs les deux attitudes.
Lors de la Présentation de Jésus enfant au temple (fêtée hier, 2 février), Syméon avait prédit à son sujet: "Il sera un signe de division" (Luc 2,34). L'évangile de ce dimanche en est la première illustration. Depuis les débuts, la Parole de Dieu provoque une scission parmi les hommes: les uns l'accueillent, d'autres la refusent. Au début, ce fut même le refus complet par les premiers parents, le péché des origines, mais Dieu ne s'est pas détourné, comme l'ont fait les hommes, il est revenu avec insistance, il a envoyé des prophètes, il y eut Élie et Élisée, et finalement son propre Fils. La patience et l'insistance de Dieu ont fini par avoir le dernier mot, et nous en sommes les heureux bénéficiaires.
Dieu fidèle et patient, béni sois-tu pour le message de grâce qui sortait de la bouche de ton. Fils Jésus. Nous te bénissons pour les prophètes que tu as envoyés jadis aux païens, car tu veux le salut et le bonheur de tous les hommes. Nous te prions pour nos cités, et nos villages où le message de l’Évangile provoque les mêmes oppositions et rejets que jadis à Nazareth. Que ton. Esprit soutienne notre foi.
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