7 Janvier 2022
Ne pourrait-on pas comparer le baptême à une traversée?
Traversée vers la vie
Le patriarche Noé et sa famille ont accompli une drôle de traversée : non d'un point à un autre, mais d'une humanité à une autre. Les Pères de l'Église ont vu en lui l'image du Christ Sauveur. Tout baptisé est un "re-né", un né de nouveau. Prenons au sérieux cette traversée vers la vie ! Le baptisé est un porteur et un donneur de vie. Cela veut dire renoncer à ce qui tue au propre ou au figuré : bannir la haine et le racisme et refuser la vengeance... En passant la Mer Rouge, le peuple hébreu est né à la liberté. Difficile de vivre en homme libre ! Le peuple hébreu en a fait l'amère expérience, vite saisi par l'obscur instinct de retour à ses vieux réflexes d'esclave... Le Christ baptisé au Jourdain, reste totalement libre face aux sollicitations du Malin qui entend l'assujettir aux pulsions de la consommation, de la manipulation et du pouvoir. Baptisé, il te reste une ou plusieurs "Mer Rouge" pour vivre la liberté de ton baptême : ton péché qui fait de toi un esclave, oiseau captif d'une cage que tu ne vois pas... le mensonge qui te ligote. l'alcool qui t'abrutit... un échec professionnel ou familial dont tu n'es pas sorti... Un baptisé savoure et donne un goût de liberté.
Traversée ensemble
Israël passa le Jourdain en peuple ; en peuple il renouvela l'Alliance à Sichem... Luc, dans son récit du baptême de Jésus, note que "tout le peuple se faisait baptiser". Jésus est entré dans une démarche communautaire. Notre baptême nous inscrit dans la vie de l'Église, il nous fait membres du Corps du Christ. L'Église aujourd'hui n'est pas à l'écart de l'individualisation qui nous gagne... Les baptisés délaissent trop souvent le navire de Pierre pour s'embarquer chacun sur sa petite coquille de noix... Il ne s'agit pas de céder au grégarisme bêlant, mais nous avons à découvrir sans cesse la richesse de la solidarité ecclésiale qui nous soutient dans notre foi et valide notre témoignage. Bonne traversée, frères et sœurs baptisés !
1re lecture : Is 40,1... 11
Le prophète l'avait annoncé: un jour, les messagers pourront dire au peuple: « Voici votre Dieu ». Ce jour est arrivé et Dieu lui-même proclame ce message en désignant son Fils, lors de son baptême.
Seigneur qui vient avec puissance mais qui est en même temps un berger qui rassemble les agneaux et les porte sur son cœur, c'est le Christ que la voix du Père et l'onction de l'Esprit manifestent à son baptême: Il est à la fois le Seigneur de gloire et le Serviteur doux et humble de cœur.
Le thème de cette lecture nous est devenu familier, car nous avons entendu de nombreuses proclamations semblables au cours des derniers mois et encore dimanche dernier, pour l’Épiphanie. Il s'agit à nouveau de ce nouvel exode qui ramène le peuple exilé vers sa patrie, représentée par sa capitale, Jérusalem.
La fête du Baptême de Jésus suggère une interprétation de la dernière phrase de cette proclamation, l'annonce du berger. Jésus a pris ce titre à son compte et son baptême a été l'annonce du baptême chrétien, qui est comme la traversée de la Mer rouge et du Jourdain, cette expérience si forte qui a soudé en un même peuple la masse des enfants d'Israël, fuyant devant les troupes du pharaon.
2e lecture : Ti 2,11...3,7
Par le bain du baptême nous renaissons et nous devenons des hommes nouveaux en Jésus Christ: non pas à cause d'actes méritoires, mais à cause de la miséricorde et de la tendresse de Dieu. Et déjà nous possédons la vie éternelle.
Jean Baptiste pratiquait un baptême de purification. Mais Jésus a transformé ce baptême, il en a fait une nouvelle naissance, le don d'une nouvelle vie, d'un nouveau souffle, celui de l'Esprit Saint.
Ces extraits réunissent l'essentiel des secondes lectures de la nuit de Noël et de la messe de l'Aurore. On y trouve exprimé, en un condensé très instructif, tout le mystère de notre baptême. Celui-ci est une nouvelle naissance, dans laquelle Dieu nous insuffle sa propre vie, c'est-à-dire son Esprit, qui nous purifie des traces de mort, nous inspire un comportement "raisonnable, juste et religieux" et suscite en nos cœurs l'espérance, c'est-à-dire l'attente du Jour où la gloire de Dieu se manifestera. Le baptême nous constitue en Peuple de Dieu. Il est un don gratuit de Dieu, auquel personne ne pourrait prétendre au nom de ses mérites.
Evangile : Lc 1,15...22
Par l'Esprit Saint qui descend sur lui, telle la colombe portant un rameau vert dans son bec après l'épreuve du Déluge, Jésus apporte au monde le message de paix et d'espérance de son Père.
Le baptême de Jésus a été une nouvelle épiphanie, car il a été la manifestation du Fils bien-aimé de Dieu et en même temps un nouveau départ pour le Peuple de Dieu, appelé à faire le même parcours à la suite du Christ.
Le Prologue de l'Évangile selon saint Jean, proclamé le jour de Noël, nous a habitués à contempler de façon globale et panoramique l'ensemble des événements annoncés pendant le temps de Noël et de l’Épiphanie. La crèche nous présente la naissance humaine de Jésus et l'évangile de son baptême, en saint Luc, proclame sa naissance divine, car la Voix déclare : "C'est toi mon Fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré".
Il s'agit de l'aujourd'hui éternel de Dieu, décrit dans l'épître lue le jour de Noël. À la fin de ce parcours de trois semaines, nous confessons à notre tour, selon les paroles de saint Jean : "Le Verbe éternel de Dieu s'est fait chair". L'enfant de la crèche est le Fils de Dieu. C'est au baptême de Jésus que cette révélation est proclamée. À l'inverse, à notre baptême, nous, créatures mortelles, nous avons été reçus comme enfants de Dieu.
Voir le profil de Paroisse St-Jean-Baptiste d'Arcangues sur le portail Overblog