2 Octobre 2020
Pistes pour conduire un partage d'Évangile.
La parabole des vignerons homicides retrace les grandes étapes de l’histoire du salut : l’Alliance conclue par Dieu avec son peuple, le sort tragique réservé par ce dernier aux prophètes, le meurtre du propre Fils de Dieu, enfin le rejet d’Israël au profit d’un peuple nouveau. Pour rendre compte de cette dernière étape, l’évangéliste cite le psaume 118 dans sa version grecque : “La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. C’est là l’œuvre du Seigneur, une merveille sous nos yeux”. Parlant de Jésus ressuscité, Pierre invoquera le même texte pour justifier devant le Sanhédrin la guérison d’un infirme : “C’est grâce à lui, Jésus le Nazaréen, que cet homme se trouve là, devant vous, guéri. C’est lui, la pierre que vous, les bâtisseurs, avez mise au rebut et qui est devenue la pierre d’angle. Il n’y a pas de salut ailleurs qu’en lui” (Actes 4,10-12).
Les auditeurs de Jésus formulent eux-mêmes la conclusion qui se dégage logiquement de la parabole : “Le maître donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons qui en remettront le produit en temps voulu”. La chrétienté européenne, fatiguée et recroquevillée sur elle-même, ne ressemble-t-elle pas à l’institution religieuse juive que Jésus a connue ? L’Église des deux premiers millénaires a-t-elle répondu à la sollicitude du divin vigneron et aux appels de ses envoyés ? Cet examen de conscience s’impose aussi à chaque baptisé en particulier et aux cellules d’Église que nous formons ici et maintenant.
1e lecture : Is 5, 1-7
Dieu nous prend à témoins : il rappelle à quel point il s’est investi pour nous. Quelle sera notre réponse ?
Si le cèdre est le symbole du Liban, dans la Bible la vigne est le symbole d’Israël. En ce temps de récoltes et de vendanges, on peut éprouver très concrètement les sentiments du producteur au moment de la cueillette, joie ou déception. Dans ce poème de la vigne, le prophète transmet la plainte amère du divin vigneron, qui avait pourtant tout fait pour que la récolte soit bonne. Jésus a repris à son compte la comparaison de la vigne et des fruits, en se présentant comme le cep (Jean 15,1-8), et aussi comme le Fils du divin vigneron, que les mauvais vignerons ont jeté dans le pressoir, mais il a retourné la situation, et par son sang versé, il nous offre la coupe du salut (évangile de ce dimanche).
2e lecture : Ph 4, 6-9
À tout instant nous pouvons être en communication avec Dieu, dans la joie et même dans l’inquiétude. C’est une source de paix.
Cet extrait fait partie de la conclusion de l’épître. Paul donne ses derniers conseils. Il évoque la prière, en indiquant clairement qu’elle ne se réduit pas à des demandes et des supplications, mais qu’elle est d’abord action de grâces. Une telle prière n’est pas réservée à quelques moments, mais c’est partout et en toute circonstance qu’elle peut être adressée à Dieu. Quant à la paix qui en résulte, elle est l’un des multiples aspects de la présence de Dieu, comme le dit la dernière phrase de cette lecture. C’est la paix annoncée à Bethléem (Luc 2,14) et donnée par le Christ (Jean 14,27 ; 20,21).
Evangile : Mt 21, 33-43
La vigne d’Israël, qui devait être cause de joie, est devenue le lieu du plus grand drame de l’histoire. Mais Dieu a eu le dernier mot.
Le début de la parabole contient des expressions du poème de la vigne, proposé comme première lecture de ce dimanche. Jésus reprend la comparaison et la pousse à son terme, pour en faire une annonce de sa Passion, de sa Résurrection et de sa présence actuelle au nouveau Peuple de Dieu. À la fin de la parabole, ce n’est pas Jésus qui parle de châtiment, mais son auditoire. Or Dieu, le Maître de la vigne, ne s’est pas acharné sur les meurtriers ; au contraire, il a retourné la situation: telle est sa prouesse, la merveille qui éclate sous nos yeux ! La vie a jailli de la mort ! Nous pouvons en tirer les applications pour nos célébrations dominicales : le vin eucharistié, sang du Christ, est devenu breuvage de résurrection, il est la sève qui se propage dans les sarments reliés au cep, pour produire de nouveaux fruits, dans la nouvelle vigne, qui est l’Église, c’est-à-dire nous tous, les baptisés, qui formons le Peuple nouveau.
Jésus interprète lui-même la parabole par le thème de la pierre d’angle, selon le Psaume de la Pâque (117,22-23), qu’il reprend également à son compte. Ce message est rappelé de façon permanente par les autels de pierre dans nos églises.
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