6 Juin 2020
Trinité
Pistes pour commenter les textes bibliques en cette solennité de la Trinité.
1. A peine Dieu a-t-il conclu avec son peuple une Alliance solennelle que les fils d’Israël la trahissent en façonnant un veau d’or. D’où la colère de Dieu et de Moïse, ce dernier n’hésitant pas à briser les tables de la Loi. Mais, sur la montagne du Sinaï, Moïse intercède derechef pour le peuple infidèle, et Dieu dissimule mal son désir de pardonner comme en témoigne notre première lecture. Le Seigneur descend dans la nuée et se tient aux côtés de Moïse. Le Tout-Autre devient le Tout-Proche, qui livre le secret de son nom: “Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité”.
2. Le comportement de Dieu à l’égard d’Israël annonce la pleine manifestation de son amour sauveur par l’envoi de son Fils dans le monde. En quelques phrases inoubliables, l’évangile de cette fête résume l’étape ultime du dessein de Dieu. Son Fils est venu, non pour juger le monde, mais pour le sauver, si bien que quiconque croit en lui échappe au jugement. Remarquable dialectique que celle du jugement et du salut. Le jugement prend en compte le passé sur un mode comptable ; un verdict est prononcé au regard de ce que chacun aura fait de bien ou de mal. En revanche, le salut inclut le pardon, qui est une offre gracieuse et imméritée. Ce qui est requis de la part de l’homme, c’est de “croire en celui que Dieu a envoyé dans le monde”. Croire, c’est choisir de vivre, mieux encore : se recevoir de Dieu comme vivant.
3. Voilà, à l’état de germe, ce que les conciles entendront plus tard par “mystère de la Trinité”. Celui-ci n’a pas d’autre source que l’expérience et la parole de Jésus, en qui ses disciples ont reconnu le Dieu vivant, Créateur et Sauveur. La page de l’Exode retenue par la liturgie n’est donc nullement déplacée en contexte chrétien. Le Dieu que Jésus appelle “Père” et dont il nous dit qu’il enverra l’Esprit n’est autre que le Dieu de tendresse et de pitié qui s’est révélé à Moïse. Méditons ce mot de saint Augustin: “Tous les auteurs que j’ai pu lire, parmi ceux qui ont écrit avant moi sur la Sainte Trinité, ont voulu poursuivre un seul objectif : montrer, en partant des Écritures, que le Père, le Fils et le Saint-Esprit attestent une indivisible unité et que, de ce fait, ils ne sont pas trois dieux, mais un seul Dieu vivant et vrai”.
1 lecture : Ex 34,4-9
Qui donc est Dieu ? Comment le décrire ? Il nous dépasse tellement ! Fort heureusement, les nombreuses expériences de son peuple nous permettent de l’approcher, à commencer par celles de Moïse.
Seul Jésus pouvait révéler explicitement que Dieu est Père, Fils et Esprit Saint. Une telle annonce n’était accessible que dans la lumière de Pâques et de la Pentecôte. Alors, que pouvait-on trouver à ce propos dans l’Ancien Testament et qui puisse servir de lecture à la fête de la Trinité ? Aucune proclamation claire, tout juste quelques annonces mystérieuses, comme la visite des messagers à Abraham (Gn 18,2). Aussi, à défaut de message trinitaire, le choix de la première lecture a-t-il été orienté vers les pages d’Ancien Testament qui nous révèlent les qualités de Dieu. Ainsi l’expérience dont Moïse bénéficia sur la montagne et par laquelle il proclama que Dieu est tendre, miséricordieux, plein d’amour et de fidélité. Dieu venait de le prouver en guidant son peuple, en l’arrachant à la servitude d’Égypte et en le nourrissant en plein désert, non seulement de manne et d’eau, mais bien plus encore de sa Parole, dans la Loi, qui est lumière pour nos pas.
2e lecture: 2 Co 13,11-13
Les salutations et les bénédictions que nous échangeons dans nos assemblées nous viennent de l’apôtre Paul, qui salue ainsi le destinataires de ses lettres, et au-delà, tous ses autres lecteurs et auditeurs.
Cette courte lecture est la conclusion de l’épître. Chaque épître commence et finit par une formule de bénédiction, comme nos célébrations. Or il s’agit ici précisément de cette bénédiction explicitement trinitaire que la liturgie a retenue comme salutation initiale pour nos assemblées : “La grâce de Jésus, l’amour de Dieu le Père, la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous”. Cette bénédiction exprime l’ambiance qui doit présider à toute réunion chrétienne, au moins comme un objectif à atteindre, ou plutôt, à recevoir, puisqu’il nous est donné par Dieu: joie, paix, accord, amitié.
Évangile: Jn 3,16-18
La bonté et la générosité de Dieu sont infinies, puisqu’il va jusqu’à se donner lui-même, en son Fils, venu nous le révéler, pour nous communiquer ainsi sa propre vie, celle de la résurrection.
Pendant le Carême (3e dimanche) le Christ nous disait : “Si tu savais le don de Dieu.” Aujourd’hui il peut nous expliquer : “Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils,… pour que le monde soit sauvé.” S’il n’était pas trop irrévérencieux de lui appliquer cette expression familière, nous pourrions dire qu’“il se met en quatre”, ou plutôt en trois, pour nous ! En effet, par sa main paternelle il veille sur la création, par son Fils il marche sur nos routes, à nos côtés, par son Esprit il soutient et avive notre propre souffle, si fragile. Ainsi nous rendons grâce pour la Paix, le Pardon, la vie éternelle, la Justice, et tout ce qui est énuméré dans les Béatitudes et qu’il nous a promis par son Fils Jésus. Tel est le don de Dieu, entièrement contenu dans son Esprit que nous avons reçu.
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